Bienvenue !

"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

lundi 25 janvier 2016

"Va te réconcilier avec ton frère" (Mt 5,24)

par Maxime le Confesseur


Veille sur toi-même. Prends garde que le mal qui te sépare de ton frère ne se découvre un jour non pas en ton frère, mais en toi. Hâte-toi de te réconcilier avec lui, afin de ne pas déchoir du commandement de l’amour.
Ne méprise pas le commandement de l'amour. C'est par lui que tu seras fils de Dieu. Mais si tu le transgresse, tu te retrouveras fils de la géhenne. [...]

Es-tu en train de connaître l’épreuve du fait de ton frère, et la tristesse est-elle entrain de te mener à la haine ? Ne te laisse pas vaincre par la haine, mais sois vainqueur de la haine par l’amour.
Voici comment tu vaincras : en priant sincèrement Dieu pour lui, en acceptant qu’on l’excuse, ou même en te faisant toi-même son défenseur, en considérant que tu es toi-même responsable de ton épreuve, et en la supportant avec patience jusqu’à ce que le nuage soit passé. [...]

Le frère dont tu considérais hier qu’il était spirituel et vertueux, ne le juge pas faux et méchant à cause de l’aversion d’aujourd’hui, car cette aversion t’est inspirée par la calomnie du Malin.
Rejette donc de ton âme cette aversion ; rejette-la par l’amour patient, en pensant au bien que ton frère, hier, t’a procuré.

Celui dont, hier, tu louais la bonté et glorifiais la vertu, ne dis pas du mal de lui aujourd’hui, en considérant qu’il est faux et méchant parce qu’en toi, l’amour s’est changé en aversion. Ne blâme pas ton frère pour justifier la haine mauvaise qui est en toi. Mais continue de le louer, quand bien même t’accablerait la tristesse, et tu reviendras aisément à cet amour salutaire.

En mêlant inconsciemment le blâme à tes paroles quand tu parles à d’autres frères, n’altère pas les éloges qu’on adresse habituellement à ton  frère, à cause de la peine qu’il t’a faite et qui est encore en toi. Mais dans les conversations, loue-le en toute pureté, prie sincèrement pour lui comme pour toi-même, et tu seras très vite délivré de la dangereuse aversion. [...]

Si d’aventure un frère, parce qu’il est tenté, persiste à dire du mal de toi, ne te laisse pas emporter hors de l’état d’amour, quand le démon lui-même te trouble en pensée. Ainsi tu ne seras pas emporté si, injurié, tu bénis et si, diffamé, tu demeures bienveillant.
Telle est la voie qui donne d’aimer la sagesse, selon le Christ. Ce lui qui ne la suit pas ne demeure pas en lui.

Examine ta conscience avec le plus grand soin, pour savoir si tu n’es pas responsable de ce que ton frère ne soit pas réconcilié. Et n’essaie pas de tromper ta conscience, car elle connaît tes secrets ; elle t’accusera à l’heure de la mort, et au moment de la prière, elle sera pour toi un obstacle. [...]

Celui qui nourrit de la haine contre un homme ne peut pas être en paix avec Dieu, lui qui as dit : « Si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père céleste non plus ne vous pardonnera pas vos fautes » (Mat 6,14).
Si donc ton frère ne veut pas faire la paix, toi, du moins, garde-toi de le haïr et prie sincèrement pour lui, sans dire à personne du mal de lui.

Si tu as décidé de vivre avec des frères spirituels, laisse tes volontés à la porte. Autrement tu ne pourras pas être en paix avec Dieu, ni avec ceux qui vivent près de toi.
Ne consens pas à perdre l’amour spirituel, car nulle autre voie de salut n’a été donnée aux hommes.

Lorsque dans ta pensée, tu n’auras ni parole, ni acte honteux, lorsque tu ne garderas par rancune envers qui t’a fait du tort ou dit du mal de toi, lorsqu’au moment de la prière, tu auras l’esprit sans distraction, alors tu sauras que tu as atteint la pleine mesure de la liberté intérieure et de l’amour parfait.

Heureux l’homme capable t’aimer tous les hommes également ! Heureux l’esprit qui a dépassé les créatures et qui jouit sans cesse de l’amour de Dieu.


MAXIME LE CONFESSEUR, Centuries sur l'amour, Philocalie des Pères neptiques, Abbaye de Bellefontaine, tome A3, p. 411ss.) Extraits présentés dans Daniel Bourguet, L'Evangile de Matthieu médité par les Pères.


Maxime le Confesseur (580- † 662): Il nait vraisemblablement dans une famille noble, il revient Premier secrétaire de l'Empereur Héraclius I. Il devient moine en 613 dans un monastère près de Cyzique avant de devoir fuir à Carthage devant l'avancée des Perses. Il est l'inspirateur du  Concile du Latran qui condamna le monothélisme. Mais Constance II fit destituer le pape Martin et arrêter Maxime qui furent envoyés à Constantinople pour être jugés. Le Patriarche Pierre (un monophysite) fit condamner Maxime à l'exil. Il fut torturé et mutilé, on lui coupa la langue ainsi que la main droite.
Son oeuvre est considérable, sa production théologique systématise les grandes lignes théologiques des Pères. On lui doit notamment les Questions à Thalassios, les Centuries sur l'amour qui sont dans la Philocalie, les Ambigua, la Mystagogie, ainsi que de nombreuses lettres. Il est commémoré le 21 janvier par les Orientaux et le 13 août par les Latins.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire