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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

jeudi 26 mai 2016

Dieu appelle notre résolution sans retour

par Frère Roger

Dans l'Evangile, Jésus t'assure que, par ton inquiétude, tu ne peux rien. (Luc 12, 25-26) A toi de consentir à tes propres  limites, à tes fragilités.
Pourquoi t'attarder à ce qui te fait mal, et en toi-même, et dans les autres ?
Tu connais la parole d'un des premiers témoins du Christ: "Si notre coeur venait à nous condamner, Dieu est plus grand que notre coeur." (1 Jean 3, 20).
Jésus le Christ ne t'invite pas au repliement sur toi, mais bien à une humble repentance du coeur. Et que signifie-t-elle ? Elle est cet élan de confiance par lequel tu jettes en lui tes fautes. Et te voilà dégagé, et même libéré pour vivre intensément le moment présent, jamais découragé parce que toujours pardonné. Peut-être te dis-tu: "Ce n'est pas possible" ? Le Christ t'offre toujours à nouveau sa compassion. Et tu saisiras que, même éprouvée, ta vie est tissée par les fils de son pardon.

"Sauveur de toute vie, les jours passaient et je ne te répondais pas. J'allais jusqu'à me demander: ai-je vraiment besoin de Dieu ? Des murailles d'hésitation et de doutes s'étaient dressées, me faisant dériver loin de toi. Toi, Jésus le Christ, Présence mystérieuse, tu m'attendais et me cherchais. Au fond de mes contradictions et même de mes révoltes intérieures, j'ai perçu cette clarté d'Evangile: ton amour n'est pas un mot vide, il est ta continuelle présence, il est ton pardon, ta compassion.
Par le Saint Esprit, toi le Ressuscité, tu vivais en moi et tu ne m'avais jamais quitté."

Quand le Christ te demande: "Pour toi qui suis-je? " Lui répondrais-tu: " Jésus le Christ, tu es celui qui m'aimes jusque dans la vie d'éternité. Tu m'ouvre la voie du risque. Tu attends de moi non pas quelques miettes mais tout ma vie.
Tu es celui qui, de joue et de nuit, pries en moi. Mes balbutiements sont prières: t'appeler par le seul Nom de Jésus emplit les vides de mon coeur.
Tu es celui qui, chaque matin, passes à mon doigt l'anneau du fils prodigue, anneau de fête. (Luc 15, 22-24).

Et moi, ai-je échangé le rayonnement de Dieu contre une tiédeur, aurais-je abandonné la source d'eau vive pour me creuser des citernes lézardées qui ne tiennent pas l'eau ?
Toi le Christ, inlassablement tu me cherchais. Pourquoi ai-je hésité, demandant qu'il me soit laissé du temps pour m'occuper de mes affaires ? Après avoir mis la main à la charrue, pourquoi ai-je regardé en arrière ? (Luc 9, 62).
Pourtant sans t'avoir vu, je t'aimais, peut-être pas comme je l'aurais voulu, mais je t'aimais.
Jésus le Christ, tu me suggérais: vis le très peu tu as compris de l'Evangile, sois porteur de ma vie parmi les humains, viens et suis-moi.
Et, un jour, revenant à la source, je l'ai saisi: tu appelais ma résolution sans retour.


Extraits de: FRERE ROGER, "Les sources de Taizé", in Les écrits fondateurs: Dieu nous veut heureux, Ateliers et Presses de Taizé, 2011.

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lundi 23 mai 2016

Dieu n'est pas l'auteur du mal

par Frère Roger



Certains s'interrogent: si Dieu existait, il ne permettrait pas les guerres, l'injustice, la maladie, l'oppression, ne serait-ce que d'un seul sur la terre; si Dieu existait, il empêcherait l'être humain de faire le mal.

Voici bientôt trois millénaires, le prophète Elie va un jour au désert pour écouter Dieu. Un ouragan se déchaine, ensuite un tremblement de terre, et un feu violent. Mais Elie comprend que Dieu n'est pas dans ces déchainements de la nature. Puis tout entre dans le calme, Elie entend Dieu comme dans le murmure d'une brise légère (1 Rois 19, 9-13).  Et lui apparait cette réalité saisissante: souvent la voix de Dieu se transmet dans un souffle de silence.

Pour l'une des premières fois dans l'histoire est écrite une intuition aussi limpide: Dieu ne terrorise personne. Dieu n'est jamais l'auteur du mal, des séismes naturels, de la guerre, des malheurs terrestres. Ni la souffrance, ni la détresse humaines ne sont voulues par Dieu.

Dieu ne s'impose pas. Il nous laisses libres d'aimer ou de ne pas aimer, de pardonner ou de rejeter le pardon. Mais Dieu n'assiste jamais passivement à la peine des êtres humaines, il souffre avec l'innocent, victime de l'incompréhensible épreuve, il souffre avec chacun. Il y a une douleur de Dieu, une souffrance du Christ.

Jésus le Christ, aurions-nous la foi jusqu'à transporter les montagnes, sans la vivante charité, que serions-nous ? Toi, tu nous aimes.
Sans ton Esprit qui habite en nos coeurs, que serions-nous ? Toi, tu nous aimes.
En prenant tout sur tout, tu nous ouvres un chemin vers la confiance en Dieu, lui qui ne veut ni la souffrance ni la détresse humaines.
Esprit du Christ ressuscité, Esprit de compassion. Esprit de la louange, ton amour pour chacun de nous ne s'en ira jamais. Amen !

Extraits de: FRERE ROGER, "Les sources de Taizé", in Les écrits fondateurs: Dieu nous veut heureux, Ateliers et Presses de Taizé, 2011.


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"Il est parmi nous celui que nous ne connaissons pas." (Jean 1,26)

par Frère Roger de Taizé



Où que tu sois sur la terre, toi qui voudrais percevoir le mystère qui est au coeur de ton coeur, pressens-tu en toi, même fugitive, la silencieuse attente d'une présence ?
Cette simple attente, ce simple désir de Dieu est déjà le commencement de la foi. [...]
Ce que Dieu te demande, c'est de t'abandonner au Christ dans la confiance et d'accueillir son amour.
Reprendras-tu élan, entraîné par Celui qui, sans jamais s'imposer, paisiblement t'accompagne ? Lui, le Ressuscité, se tient en toit, et en avant de toi sur le chemin.
Brûlure au coeur de l'homme, lumière dans l'obscurité, il t'aime comme son unique, pour toi il a donné sa vie, là est son secret.

Dieu est Esprit et sa présence demeure invisible. Le Christ, sans éclat, laisse Dieu transparaitre.
Passage inattendu de l'amour de Dieu, l'Esprit Saint traverse chaque être humain comme un éclair dans la nuit. Par cette mystérieuse présence, le Ressuscité te soutient, il se charge de tout, il prend sur lui jusqu'à la lourde épreuve.

Te laisseras-tu entraîner à créer, par ta vie, le poème d'une amour avec lui ? Sauras-tu l'attendre, lui, le Ressuscité, jusque dans les aridité de cette terre assoiffée de ton corps et de ton esprit ?
Et il suscite en toi une intuition, un élan...

Toi le Ressuscité, tu nous prends avec notre coeur tel qu'il est. Pourquoi attendrions-nous que notre coeur soit changé pour aller à toi ? Toi tu le transfigures.
Avec nos propres épines tu allumes un feu. Et dans nos meurtrissures elles-mêmes tu fais croître une fleur de désert une fleur d'allégresse.

Extraits de: FRERE ROGER, "Les sources de Taizé", in Les écrits fondateurs: Dieu nous veut heureux, Ateliers et Presses de Taizé, 2011, pp. 11-16.




Frère Roger (Roger Schutz) nait en 1915 dans le canton de Vaud. Fils de pasteur, il étudie lui-même la théologie avant de partir en 1940 en Bourgogne où il crée une maison de prière et d'accueil. Il cachera des dizaines de juifs. Une communauté de 7 frères se forme en 1949 ; aujourd'hui la communauté compte plus d'une centaine de frères dont certains à l'étranger. C'est une communauté oecuménique qui cherche le rapprochement entre les chrétiens.
Dès la fin des années 50 des jeunes commencent à se rendre sur la colline de Taizé et leur nombre ne cessa s'augmenter. L'église du village devenue trop petite, une grand église (l'église de la Réconciliation) est construite. Des milliers de jeunes se retrouvent à Taizé, dont les journées sont rythmées par les 3 offices quotidiens.
Frère Roger meurt assassiné en pleine prière du soir par une déséquilibrée le 16 août 2005. Le rayonnement mondial de Taizé est important. Chaque année entre Noël et Nouvel an des dizaines de milliers de jeunes se retrouvent dans une ville européenne pour une grande rencontre.